Langage en situation et langage d’évocation

Jean Hébrard nous a proposé lors de ses conférences dans le département en 2002-2003, une progression de la construction de la langue écrite. Elle replace les activités de restitution orale d’albums et de dictée à l’adulte dans un cadre théorique.
PROGRESSION DE LA CONSTRUCTION DU LANGAGE ECRIT

Petite section : stimuler, encourager le langage en situation (aussi appelé langage d’action, langage de communication immédiate)

C’est le langage de l’accompagnement de l’action, initié par l’enseignant qui nomme, désigne, met l’action en mots : on parle de ce qu’on est en train de faire. Les interactions s’appuient sur un contexte fonctionnel.

« Que fais tu ? Qu’es-tu en train de faire ? De quoi as-tu besoin ? Dis-moi ce qui se passe. »

Activités : objectif : verbaliser
– activités du coin jeu où le maître accompagne au début le jeu et verbalise. Ensuite les échanges ont lieu entre pairs.
– les rituels du regroupement : météo, date, collation…
– les rituels « sociaux » : habillage, déplacement dans l’école …

Progression : de la répétition immédiate de l’expression de l’adulte à la réponse à la question de l’adulte, jusqu’à l’autonomie. Présent. Je/il. Maintenant. « moi je vois ça ! Regarde la vache. »

Moyenne section : Passer au langage d’évocation.

Le langage d’évocation est le langage qui permet de faire exister par la parole ce qui n’est pas ou plus là. Il permet de :
– nommer l’être ou l’objet absent
– nommer et parler d’évènements absents.
– relater l’expérience vécue.
– formuler des hypothèses, prévoir, imaginer , se projeter dans un avenir proche.

C’est parler hors situation, c’est le langage de l’abstraction. Ce langage ne peut exister sans l’étayage de l’adulte (l’enfant spontanément n’aime pas raconter parce que c’est difficile), il ne se construit pas tout seul.

« Qu’avons-nous fait ? Qu’est-ce qui s’est passé ce matin à l’école ? Dis moi ce qu’on fera la prochaine fois. » Passé/futur. Il/elle. Demain, hier (connecteurs de temps) parce que/pour que (liens de causalité). Le langage d’évocation suppose un lexique précis puisqu’on ne peut plus désigner.

Activités : l’activité de rappel
– Le rappel systématique de toutes les activités de classe après l’activité.
– Anticipation de la séance d’après. Elaborer des projets communs.
– Le rappel de récits littéraires (ou restitution orale d’albums). Critère pour savoir si un enfant est capable d’évoquer : tenir une conversation téléphonique.

Grande section : du langage d’évocation oral (syntaxe de l’oral) en MS au langage d’évocation écrit (syntaxe de l’écrit).

De « on a été à la ferme, j’ai vu une vache » à « Hier, nous sommes allés à la ferme et nous avons vu des vaches ».

Activités : la dictée à l’adulte.

langage_d_evocation